Le « Printemps des peuples » a fait de la croix du Christ le premier arbre de la liberté.
Le 2 mars 1848, quelques mois après la chute de la monarchie censitaire de Louis-Philippe et la proclamation de la deuxième république, Victor HUGO préside la plantation de l’arbre de la liberté, place des Vosges à Paris. Il y prononce un discours révélateur de l’éphémère esprit « quarante-huitard ».
« C’est un beau et vrai symbole de la liberté qu’un arbre ! la liberté a ses racines dans le coeur du peuple comme l’arbre dans le coeur de la terre ; comme l’arbre elle élève et déploie ses rameaux dans le ciel ; comme l’arbre, elle grandit sans cesse et couvre les générations de son ombre. (Acclamations)
« Le premier arbre de la liberté a été planté, il ya dix-huit cents ans, par Dieu sur le Golgotha. (Acclamations). Le premier arbre de la liberté, c’est cette croix sur laquelle Jésus-Christ s’est offert en sacrifice pour la liberté, l’égalité et la fraternité du genre humain. (Bravo et longs applaudissements)
« La signification de cet arbre n’a point changé depuis dix-huit siècles ; seulement, ne l’oublions pas, à temps nouveaux, devoirs nouveaux ; la révolution que nos pères ont fait il y a soixante ans a été grande par la guerre ; la révolution que vous faites aujourd’hui doit être grande par la paix. La première a détruit, la seconde doit organiser. (?)
« Unissons-nous dans une pensée commune et répétez après moi ce cri : Vive la liberté universelle ! Vive la République universelle ! (Longues acclamations Vive la République ! Vive Victor HUGO !)
Partout en France on procéda à ces rituels républicains, le plus souvent en présence du clergé. Circule alors à Paris une lithographie en couleur, où l’on voit Jésus portant une écharpe et une cocarde tricolores, avec cette légende : « Notre Seigneur Jésus-Christ, premier représentant du peuple, fondateur de la République chrétienne »
(Extrait de « Histoire de la laïcité à la française » Académie des Sciences Morales et Politiques. 2005. Loi de 1905 Le livre du Centenaire Officiel. Page 51)
Observations de MICA :
Au moment où l’on parle d’identité nationale, ce discours de notre plus célèbre écrivain et poète ne saurait être oublié.
C’est de cet épisode historique que date la devise de la République « Liberté Egalité Fraternité », la valeur « Fraternité » étant un ajout de « l’esprit quarante-huitard ».
Rappelons que le substantif « laïcité » n’est apparu qu’en 1874 (Littré)
Régis DEBRAY, dans son ouvrage « Le moment fraternité » écrit : « On ne trouve pas ce mot chez les auteurs antiques. Il apparaît au IIe siècle, aux débuts du christianisme, et a cheminé obscurément jusqu’à ressurgir au XVIIIe siècle chez les Francs-maçons. C’est un mot qui incarne une étrange rencontre entre l’Evangile et les Lumières, qui s’est produite sur les barricades de 1848, où l’on parlait du « prolétaire de Nazareth ».