L’image ci-dessus, avec ces deux femmes en voile intégral symbolise la bigoterie à son maximum d’exhibition sociale.
Malgré leur situation prospère, beaucoup de quarantenaires choisissent de quitter l’Algérie pour offrir une meilleure éducation à leurs enfants. Le Monde 24 02 2019
Nora n’a pas l’habitude de prendre une journée de congé comme ça, mais là le motif était important. Ce mercredi de février, elle a abandonné son poste de directrice d’agence chez un opérateur téléphonique, pour assister à Alger à une session d’information sur l’émigration au Canada. Mariée, deux enfants, Nora présente pourtant tous les signes « extérieurs » d’une vie réussie. Mais elle veut partir.
«C’est la naissance de notre fils, il y a 3 ans, qui m’a ouvert les yeux. Il n’était pas question qu’il aille dans une école qui enseigne à faire la prière, à réciter et pas à réfléchir, comme celle qu’a fréquentée notre fille »
Et l’école n’est pas un cas isolé de ce qu’elle déteste. C’est la société entière que Nora ne reconnaît plus.
« Le niqab et les barbes qui n’étaient plus visibles après la guerre civile des années 1990 (remportée par l’armée contre les islamistes armés), mais aussi les marques de prosternation sur le front, cette nouvelle mode de plus en plus présente. Et je ne parle pas de la bigoterie qui accompagne ces signes extérieurs de religiosité. On a appris à notre fille à mentir, car nous ne faisons pas le ramadan, ou parce qu’il nous arrive d’ouvrir une bouteille de vin… Si nos enfants sont ouverts d’esprit, ils vont souffrir. Comme nous. Car nos espoirs de voir une Algérie progressiste émerger ne sont pas réalisés. Et moi, je veux qu’ils soient libres de faire ce qu’ils veulent, sans être perçus comme des marginaux » explique la mère de famille.
Le choix d’une école privée.
« Plusieurs sources d’enquête, souvent partielles attestent de ce phénomène naissant en Algérie, mais déjà bien développé en Tunisie et au Maroc : des familles au statut social et professionnel enviable, s’installent à l’étranger pour l’avenir de leurs enfants », explique le directeur du CREAD (Centre de Recherche en Economie appliquée pour le développement). L’investissement local c’est la solution qu’Amine 45 ans, a choisie. Par défaut. Journaliste dans un quotidien, il n’avait jamais songé à émigrer, par peur d’un déclassement social, jusqu’à la naissance de sa fille. Alors, avec son épouse, employée dans une multinationale, il a commencé à se documenter, bien qu’il se refuse encore à partir sans la garantie d’un emploi. Le couple compte déjà quatre frères et sœurs installés aux Etats-Unis, au Canada, en France et en Bulgarie. Tous ses efforts sont tournés vers l’éducation de leur fille, inscrite à l’âge de 6 ans dans une école privée. « Le privé est une alternative que j’ai refusée, par peur que ma fille ne vive en vase clos », témoigne Skander, médecin. Alors, depuis 3 ans, ce fondateur d’une agence de publicité fait la navette entre l’Algérie et l’Espagne où il a installé sa femme et sa fille de 7 ans et où il a ouvert un restaurant. « Etudiant, je me disais que ce pays, alors entre deux systèmes (parti unique et multipartisme) allait finir par évoluer positivement., poursuit-il. Mes premiers doutes sur notre capacité à changer sont apparus en 2010 et le 3e mandat du président et le vrai déclic a été la naissance de ma fille ». Alors, il a franchi le pas.
Comme l’avait fait la génération d’avant pour fuir la guerre civile. Selon l’OCDE, 267799 Algériens qualifiés (un quart du flux tutal) vivent hors d eleur pays de naissance. 75% sont en France, 11% au Canada et 4% en Grande Bretagne, selon le CREAD, organisme qui a enregistré une explosion de ces départs depuis les années 1990.
Corruption, vide culturel, systèmes d’éducation et de santé défaillants, malgré les moyens financiers. Les prétextes au départ ne manquent pas. Mais comme pour Nora et Amine, » c’est le refus d’une société rongée par la bigoterie inculquée dès l’école » qui a eu raison de Skander.
Plusieurs chercheurs ont, ces dernières années, pointé les discours contenus dans les manuels scolaires, en cours de réforme. IL y est question du rejet du non musulman, d’une religion qui règlemente la vie privée et publique et d’une place de la femme réduite à la portion congrue.
Cet élu, de l’ancien parti unique, le FLN, confortablement installé à Oran, s’était toujours opposé à la volonté de départ de sa femme…jusqu’à cet été. Alors qu’ils passaient le weekend dans un complexe hôtelier où ils ont leurs habitudes, un membre de l’établissement a demandé à sa femme et à sa fille, âgée de 8 ans, de remiser leur maillot et de s’habiller « plus convenablement » sur la plage. Cette anecdote banale, une de plus, a fait basculer l’époux du côté de son épouse. « Le corps des filles est sexualisé et caché de plus e plus tôt » commente Skander. Or, j’aimerais que ma fille vive son adolescence et sa sexualité sans se cacher » Fahem, ingénieur et jeune militant politique veut pourtant voir un espoir : « Quel que soit leur profil, ces milliers de personnes qui veulent partir font la queue devant les consulats de pays libres, pas devant l’Arabie Saoudite.
Observations de MICA : C’est ainsi que la religion/civilisation musulmane sunnite atteint son apogée, à savoir la bigoterie.
Dans mon enfance, j’ai connu des bigotes. Elles étaient très souvent à l’église, à nettoyer les ornements et les lieux, à changer les fleurs, quelquefois à faire répéter les chants à la jeune chorale, généralement féminine. Elles étaient souvent désignées par l’expression persifleuse de « grenouilles de bénitier ».
Mais, en dehors de l’église, ces personnes n’étaient pas considérées comme des modèles à imiter, par un « ordre social » quelconque. Il n’y avait d’ailleurs pas d’ordre social qui gouvernait. La liberté individuelle existait ainsi que les droits de l’homme et la démocratie.
En Algérie, c’est l’Islam qui décide de l’ordre social. Est-ce une religion ? Ma réponse est sans ambigüité. C’est non. Nous avons un autre mot pour désigner ces modes de vie qui concernent la vie de tous les jours, c’est le mot de civilisation. Le mot religion est réservé d’une part au culte – « La célébration de cérémonies organisées en vue de l’accomplissement, par des personnes réunies par des croyances religieuses, de certains rites ou de certaines pratiques » (Conseil d’État), d’autre part à la relation personnelle avec l’inconnaissable, que beaucoup nomment Dieu, en fait une forme de spiritualité.
La laïcité n’est destinée qu’à traiter la question des croyances religieuses, essentiellement le culte qui a été élevé au rang de liberté publique (droit garanti par L’État), pas celles des modes de vie et d’engagement, couvertes par les législations civiles issues des décisions votées par le pouvoir législatif, au sein d’une République démocratique.
Pour revenir en Algérie, où des élections nationales vont avoir lieu, ce pays peut-il clarifier la relation entre pouvoir politique et pouvoir religieux ? En tous cas, ce ne sont pas les militants religieux ou politiques (salafistes, islamistes) qui vont conduire cette clarification, car ils se satisfont d’un pouvoir exécutif détenu par une « momie ». Comme l’écrit Adrien CANDIARD dans son essai, depuis le haut Moyen-Âge (9e siècle), ce pouvoir exécutif, à savoir le calife, qui est le successeur du Prophète, a occupé le pouvoir « comme la reine d’Angleterre ». BOUTEFLIKA et son AVC, suffit pour tenir ce rôle.